Mots-clefs ‘immigré’

La pluie d’été de Marguerite Duras

21.06
2020

IMG_20200621_155857C’est une famille nombreuse qui vit d’allocations. Le père, un bel Italien, et la mère, venue de l’est, se sont rencontrés à Vitry sur Seine alors qu’ils y travaillaient, puis sept enfants sont arrivés, et ils se sont arrêtés pour les regarder grandir et s’aimer. Les deux ainés, Ernesto et Jeanne, s’occupent de leurs brothers et sisters. Un jour les parents se sentent obligés de les mettre à l’école, comme les autres. Mais Ernesto revient quelques jours après en affirmant « Je ne retournerai pas à l’école parce qu’à l’école on m’apprend des choses que je ne sais pas. » Et personne ne comprend vraiment, mais tout le monde comprend qu’Ernesto est différent, surdoué, qu’il peut tout comprendre de lui-même sans suivre d’enseignement, et qu’entre Jeanne et lui, un amour grandit…

La pluie d’été, c’est d’abord une langue, une façon de parler de cette famille qui n’a pas appris à lire ni à écrire, qui désarçonne puis entre en contagion avec la langue de tous ceux qui l’approchent. C’est aussi une existence marginale, hors de Dieu, du travail, de l’école, de tout ce qui structure habituellement la société. C’est un jour sans fin au cours duquel la mère, d’une beauté saisissante qu’elle oublie, épluche les patates, et les enfants lisent dans une remise des livres trouvés, un livre brûlé déniché dans une cave, qu’Ernesto lit à tous sans savoir lire, un livre qui raconte l’histoire d’un roi, des vanités et de la poussière du vent. C’est un soir par mois la virée des parents avec l’argent pour boire dans les bars. C’est l’avènement de l’enfant surdoué autodidacte, devant la sagesse duquel les autres s’inclinent. C’est accessoirement une histoire d’inceste, mais précisément pour raconter l’amour fort qui unit Ernesto à sa sœur Jeanne, qui ressemble tant à sa mère, et qui n’est qu’un passage vers l’âge adulte. C’est une lecture perturbante, jouant sur l’indicible, plus peut-être que d’habitude…

 

Vacances au bled

29.07
2018
cop. Casterman

cop. Casterman

Férouze, Sélim, Hassan, Nesrine et Sabrina partent en Algérie pour l’été. Mais alors que les uns recherchent la détente au soleil, en paraissant plus riches qu’ils ne le sont en France, Férouze cherche à mieux connaître sa famille restée au bled, et Sabrina, né sur le sol français, s’installe avec sa famille dans une grande maison, loin de sa belle-famille algérienne qui ne l’accepte toujours pas.

Pas tout à fait Français pour les uns, ni Algériens pour les autres, ces personnages – types nous permettent d’identifier les différentes situations vécues par la plupart de ces immigrés du point de vue des deux pays. Malgré quelques rappels historiques, le scénario paraît moins frappant que les ouvrages précédents de cette excellente collection.

 

SINGEON, BIDET, Jennifer

Vacances au bled

Casterman, 2018 (Sociorama)

164 p. : n.b.

EAN13 9782203153295 : 12 €