C’est une famille nombreuse qui vit d’allocations. Le père, un bel Italien, et la mère, venue de l’est, se sont rencontrés à Vitry sur Seine alors qu’ils y travaillaient, puis sept enfants sont arrivés, et ils se sont arrêtés pour les regarder grandir et s’aimer. Les deux ainés, Ernesto et Jeanne, s’occupent de leurs brothers et sisters. Un jour les parents se sentent obligés de les mettre à l’école, comme les autres. Mais Ernesto revient quelques jours après en affirmant « Je ne retournerai pas à l’école parce qu’à l’école on m’apprend des choses que je ne sais pas. » Et personne ne comprend vraiment, mais tout le monde comprend qu’Ernesto est différent, surdoué, qu’il peut tout comprendre de lui-même sans suivre d’enseignement, et qu’entre Jeanne et lui, un amour grandit…
La pluie d’été, c’est d’abord une langue, une façon de parler de cette famille qui n’a pas appris à lire ni à écrire, qui désarçonne puis entre en contagion avec la langue de tous ceux qui l’approchent. C’est aussi une existence marginale, hors de Dieu, du travail, de l’école, de tout ce qui structure habituellement la société. C’est un jour sans fin au cours duquel la mère, d’une beauté saisissante qu’elle oublie, épluche les patates, et les enfants lisent dans une remise des livres trouvés, un livre brûlé déniché dans une cave, qu’Ernesto lit à tous sans savoir lire, un livre qui raconte l’histoire d’un roi, des vanités et de la poussière du vent. C’est un soir par mois la virée des parents avec l’argent pour boire dans les bars. C’est l’avènement de l’enfant surdoué autodidacte, devant la sagesse duquel les autres s’inclinent. C’est accessoirement une histoire d’inceste, mais précisément pour raconter l’amour fort qui unit Ernesto à sa sœur Jeanne, qui ressemble tant à sa mère, et qui n’est qu’un passage vers l’âge adulte. C’est une lecture perturbante, jouant sur l’indicible, plus peut-être que d’habitude…