Mots-clefs ‘extra-terrestre’
Les éléphants d’Hannibal de Robert Silverberg
2016
Men in black III
2014
Mardi ciné
Genre : comédie SF
Synopsis (Etan Cohen)
En 2012, le duo d’agents « Men in Black » J et K fonctionne toujours après 15 ans d’association, mais J s’interroge sur le caractère renfermé de son partenaire. Sur la Lune, un extraterrestre boglodite très dangereux, Boris l’Animal, s’évade et retourne sur Terre avec un objectif : tuer K, l’agent qui l’a capturé en 1969 et lui a détruit le bras gauche.
Dans la nuit qui suit, K disparait et seul J semble se souvenir de lui : pour le reste de l’agence, K est mort sur le terrain à Cap Canaveral le 16 juillet 1969.
Mais J présente les symptômes de quelqu’un qui a subi une faille de l’espace-temps. Selon O, il ne lui reste plus qu’à remonter le temps jusqu’au 15 juillet 1969 afin de retrouver K avant le Boris du présent.
Arrivé en 1969, J part pour Coney Island, où Boris est censé avoir commis son premier meurtre. Là, Boris lui échappe et J est arrêté par K, alors âgé de 29 ans, qui l’emmène aux quartiers du MiB…
Analyse
J souffre du manque d’affection de son collègue. Ce dernier ayant disparu d’un présent menacé par la fin du monde, il part à la recherche de son adversaire (plus monstrueux tu meurs) pour sauver et son seul ami et le monde. Pour ce faire, ses aventures l’emmènent vers le passé où il va de découverte cocasse (les divers extra-terrestres toujours aussi loufoques, le Andy Wharol couverture d’un men in black), poétique (leur allié extra-terrestre Griffin) en découverte tragique (la vérité sur la mort de son père). Le tout avec beaucoup d’humour. Bref le concept génial d’un James Bond pourchassant en secret les plus terribles extra-terrestres, mêlant audacieusement les genres, fonctionne toujours aussi bien !
Ailleurs et sur la terre : recueil d’histoires de Jacques Sternberg
2011

cop. Mijade
Après sa réédition intégrale des excellents Contes glacés de Jacques Sternberg, la maison d’édition Mijade, spécialisée dans les albums illustrés pour enfants et les romans pour adolescents et jeunes adultes nous propose cette fois une anthologie de ses contes et nouvelles de science-fiction. Ceci explique bien sûr le choix de la couverture, destinée à un public d’adolescents, qui n’est pas sans faire penser à un bateau pirate de l’espace ! On salue cette initiative qui permet de redonner vie à ces histoires tirées de recueils hélas trop souvent indisponibles : actuellement, exceptés 188 contes à régler et Contes griffus, il ne vous reste plus qu’à trouver chez les bouquinistes Entre deux mondes incertains, Dieu, moi et les autres, 300 contes pour solde de tout compte, Futurs sans avenir, Le géométrie dans l’impossible, La géométrie dans la terreur, Les pensées, Si loin de nulle part et Univers zéro.
Entre Géométrie dans l’impossible et son tout dernier recueil 300 contes pour solde de tout compte, cinquante années ont passé, cinquante années durant lesquelles Jacques Sternberg a toujours essayé de se dégager du genre de la science-fiction, allergique aux étiquettes, pour mieux y revenir. Foin du sérieux des hypothèses scientifiques ! En se servant de la science-fiction, Jacques Sternberg n’a qu’une idée en tête : dénoncer l’homme comme étant la créature la plus dangereuse parmi toutes celles qu’il peut être amené à rencontrer (Les Indolents, Les Etrangers, Les Conquérants, Le Navigateur), et pour la planète qu’il a sous les pieds (La Poubelle). Il n’aura donc de cesse dans toutes ces histoires de montrer la bêtise humaine (Le Désert) et sa vanité, dans tous les sens du terme. Il jouira alors du malin plaisir d’entraîner dans la chute de son récit, souvent bref, le destin de ses personnages-fantoches, chute qui leur sera fréquemment fatale.
A l’inverse, ses descriptions de mondes étranges et de ses habitants sont fascinantes (Les Ephémères, Quoi ?). Ce n’est donc pas l’autre qui représente une menace, mais bien soi-même. De quoi remettre en cause sa recherche du profit, son confort matériel, son gaspillage, sa gestion du temps, sa conception de l’existence.
Sous son vernis de voyages intergalactiques ou de voyages dans le temps se cache un brûlot d’idées écologiques avant l’heure d’une lucidité effrayante.
A lire !
Tout sur Jacques Sternberg ici.

Beaucoup aimé
Martiens, go home ! *** de Fredric Brown (1954)
2005

Première traduction française, en 1957, dans la collection Présence du Futuraux éditions Denoël.
Les petits hommes verts nous polluent la vie !
Nous sommes le 26 mars 1964, en pleine guerre froide, en Californie. Cherchant désespérément l’inspiration pour son nouveau roman de science-fiction, Luke Devereaux s’est isolé dans une cabane en plein désert. Lors d’une soirée particulièrement arrosée, il entend frapper à la porte : un petit homme vert le salue d’un désinvolte « Salut, Toto. ». Croyant être le seul à avoir rencontré un martien, quelle n’est pas sa surprise en constatant le lendemain, de retour à la civilisation, que les humains de la Terre entière ont vu apparaître eux aussi un milliard de ces petits hommes verts, cyniques et envahissants…
Ecrit il y a plus de cinquante ans, ce roman culte de la science-fiction américaine n’a rien perdu de sa verve ni de son humour. Certes, Fredric Brown n’a pas la belle plume de son confrère Ray Bradbury, mais une fois commencé, il est bien difficile de se séparer de ce petit roman jouissif, qui n’est pas sans rappeler l’humour tout aussi corrosif du film Mars Attacks ! de Tim Burton (1996). Il multiplie les comiques de situation par le biais de ces petits hommes verts exaspérants, moqueurs et méprisants au possible, dont on ne sait rien sinon qu’ils sont apparus en masse pour observer nos moeurs, comme dans un zoo, se téléportent instantanément, qu’ils voient à travers tout, murs, tiroirs, couvertures, obscurité, ce qui met fin à tout désir d’intimité, à tout secret défense, mais aussi à tout mensonge, puisqu’ils éprouvent un malin plaisir à mettre en difficulté ou à ridiculiser les humains, et ce quelle que soit leur position sociale. Car le martien semble n’avoir qu’une qualité, celle de faire table rase de toute discrimination, qu’elle soit raciste, sexiste, religieuse, politique ou sociale, les êtres humains ayant tous la même valeur pour lui. Bref, ces petits hommes verts ont bien l’air de s’amuser aux dépens des humains, qui ne savent plus que faire, ne comprenant pas les motivations de leur venue et, pire, celles qui pourraient déclencher leur départ.
« La situation est donc la suivante : votre existence, vos pensées et votre raison seront moins affectés par eux si vous choisissez le moyen terme entre essayer de les ignorer complètement et leur accorder trop d’importance.« (p. 92)
Mais sous ses dehors de gigantesque farce de 200 pages, ce roman donne aussi matière à réflexion.
D’abord, à l’image de ses petits personnages qui perturbent l’ordre du monde en criant partout la vérité et en ridiculisant tout un chacun quelle que soit sa fonction sociale, il ose dénoncer le mensonge sur lequel repose non seulement toute notre société extrêmement hiérarchisée mais surtout toute guerre, notamment ce culte du secret en pleine guerre froide, mais aussi à l’époque du maccarthysme cette propension àl’ingérence dans la sphère privée. A l’heure actuelle d’ailleurs, Internet avec la webcam chez soi relayé par les téléphones portables et les caméras de surveillance à l’extérieur ne sont pas loin de remplacer le Big Brother imaginé par Georges Orwell le premier dans 1984.
Ensuite, toute l’histoire est à lire comme une réflexion philosophique sur notre relation avec autrui et notre perception du monde. Qui est fou ? Le protagoniste qu’on place dans un asile psychiatrique car il ne voit plus ni n’entend les martiens, et pense que tous les autres sont fous ? Cet autre homme qui préfère voir sa femme et ne voit plus les autres ? Ou ces terriens qui croient voir et entendre ces martiens qu’ils ne peuvent pourtant toucher et qui sont à l’épreuve de toute expérience physique, à se demander s’ils ne sont pas le fruit d’une hallucination collective ? Quel est le pouvoir de l’imaginaire, de la conscience, de l’inconscient et du subconscient ? Quel est, enfin, grande question littéraire, le pouvoir d’un écrivain sur ses lecteurs, lui qui fait surgir un monde et des personnages de son imaginaire, lesquels partent à l’assaut de lecteurs qui leur confèrent une réalité, une certaine épaisseur psychologique comme on dit, le temps d’une lecture, laquelle se mêlera à leurs autres souvenirs ?
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