Mots-clefs ‘être imaginaire’

Anges * de Dieter & d’O.G. Boiscommun (2001)

18.05
2011

cop. Les Humanoïdes associés

Dans l’église de Saint-Eustache, les deux anges gardiens Jéliel et Yésod sont censés veiller aux bonnes moeurs de leurs paroissiens, mais préfèrent siroter le vin de messe et se taper quelques hosties. Aussi se font-ils menacer par leur supérieur d’une mutation à Notre-Dame. Qu’à cela ne tienne : il y a bientôt plus préoccupant car le curé semble se comporter de bien curieuse manière, tandis que des démons font leur apparition… Quand le mendiant de l’entrée se suicide, certes une délicieuse angelette naît du défunt, mais les démons semblent avoir aussi de sombres desseins, que nos deux compères vont être seuls à devoir déjouer !

Davantage encore que le scénario tragicomique et l’espièglerie de ces êtres imaginaires, le dessin aux tonalités essentiellement chaudes séduit d’emblée. Sans doute passerez-vous, avec ce premier tome, un bon moment.

DIETER, BOISCOMMUN, Olivier G.. – Anges. – les Humanoïdes associés, 2001. – 55 p. : ill. en coul.. - ISBN-13 : 9782731614657.

Encyclopedia diabolica : tome 1 ** de Christophe Kourita (2010)

01.12
2010

Le professeur Lafayette, Yôkailogue, spécialiste des yôkai, également appelés Mononoké, ces êtres imaginaires qui peuplent traditionnellement le Japon, nous révèle leur présence disséminée à travers toute la France. Sirènes de feu en Bretagne, Plantureux au Puy-en-Velay, Grande Gueule Noire dans le Nord,… facétieux, maléfiques, ces êtres capables de prendre des formes variées, sources de bien comme de mal, expliquent bien des phénomènes étranges, et connaissent l’âme humaine mieux que personne.

D’origine nippo-française, Christophe Kourita a la particularité d’allier une solide culture de la bande dessinée à une expérience de mangaka au Japon. Il a donc eu l’idée bien sympathique d’exploiter en une douzaine d’histoires le bestiaire surnaturel japonais en faisant voyager son lecteur à travers les différentes régions française. Du coup, on ouvre un curieux objet illustré en couleurs, de format manga, avec ses chapitres courts donnant du rythme à l’ensemble, mais aux personnages aux traits forcément bien franchouillard.  On serait tenté de les prendre pour des contes pour enfants, mais ne vous y trompez pas, ils font alors partie de ceux qui, historiquement, évoquent bien souvent le thème de la mort et du deuil.

Une excellente idée cadeau pour des adolescents.

Vous pouvez lire d’autres critiques dans Télérama et sur BDGest’.

Préface de Jirô Taniguchi.
Ed. Ankama, 2010. – 152 p. : ill. en coul. ; 21 cm. – ISBN 978-2-35910-114-0 : 11,90 EUR.

Peter Pan ** de Loisel

09.07
2007

Loisel revisite l’histoire de Peter Pan, imaginée par James Matthew Barrie, et adaptée à l’écran par Walt Disney.

Le premier album surprend d’abord : il nous plonge dans le Londres des plus démunis, dans l’alcoolisme, la prostitution et la cruauté. Les personnages sont laids, la figure édentée et mauvaise. Seules lumières dans cette fange : le jeune Peter qui raconte à des orphelins la douceur des caresses de sa maman fictive, Sir Kundal qui lui a appris à aimer toutes sortes d’histoires, à lire et à écrire, et… la petite fée Clochette qui vient sauver Peter de ce monde d’adultes qui n’est que concupiscence.

Les albums suivants construisent le personnage de Peter Pan, son monde peuplé de sirènes mortelles, de nains, de centaures, d’elfes et de fées, du crocodile Tic-Tac et du capitaine Crochet. Peter Pan retourne parfois dans le monde des adultes d’où il vient, emportant avec lui sa mallette de médecin, un Londres dans lequel Jack The Ripper défraie la chronique en éventrant les prostituées, dont la mère alcoolique et sans coeur de Peter…

Ce monde, pourtant, n’est pas aussi merveilleux qu’il n’y paraît, car il est le pays de l’oubli et de l’enfance, un pays où l’on oublie tout, même ceux que l’on a aimés et qui ont été assassinés, un pays où l’on ne subit pas les conséquences de sa méchanceté ou de sa jalousie…

Après la lecture du premier tome, très sombre, c’est un vrai plaisir de se retrouver dans ce monde féérique, de voir Peter le modeler peu à peu et Peter devenir Peter Pan avec ses enfants perdus. Mais Loisel se garde de nous dépeindre un monde merveilleux vers lequel s’échapperaient tous les enfants que nous demeurons dans nos coeurs : d’abord par la peinture de ses personnages, aucun ne représentant vraiment un canon de la beauté ni ne respirant la bonté, puis par son histoire qui laisse planer quelques doutes sur la véritable identité de Peter à Londres…
Au final, voici une série que j’ai avalé d’un trait mais qui m’a laissé un arrière goût doux-amer, comme des souvenirs d’enfance peut-être…. qu’on prendrait garde à ne pas trop embellir.

Un site est consacré à cette série de Vents d’ouest.

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L’ombre du vent *** de Carlos Ruiz Zafon (2004)

17.02
2006

Un matin où Daniel Sempere se réveille la peur au ventre, persuadé d’avoir oublié le visage de sa défunte mère, son père, libraire de son métier, le fait pénétrer dans un lieu secret et mystérieux en plein Barcelone : Le Cimetière des livres oubliés. Là, dans un dédale d’étagères couvertes de livres en attente d’un lecteur qui les ressusciterait, son père l’invite à choisir un livre qu’il adoptera et chérira pour toujours. Ce matin-là, du haut de sa dizaine d’années, Daniel jette son dévolu sur L’Ombre du vent, un roman écrit par un dénommé Julian Cartax.

Curieusement, lorsque Daniel commence à l’interroger sur son auteur, l’ami de son père, Barcelo, se montre particulièrement intéressé par ce roman dont personne n’a jamais entendu parler et lui apprend que sa nièce, Clara, adolescente aveugle, s’est elle aussi prise de passion pour cet écrivain. Daniel commence alors à multiplier ses visites chez la fascinante Clara, des années durant, jusqu’au soir de ses seize ans où il la retrouve dans les bras d’un crétin méprisable, et tombe la même nuit nez à nez avec un homme sans visage, sentant la mort et le brûlé : ce dernier lui réclame le roman, se faisant appeler Lain Coubert,… comme le personnage de L’Ombre du vent qui n’est autre que le Diable…

Ce ne sont là que les trente premières pages de ce roman qui en fait 620, mais dès ces premières pages, l’auteur a su pleinement développer l’horizon d’attente de son lecteur, qui, forcément ne peut qu’être séduit : une relation intime se noue entre les livres et leur lecteur, puis entre ce dernier et l’écrivain dont il découvre peu à peu la tragique histoire, un stylo plume passe de main en main, instrument de l’écrivain, un récit-gigogne prend forme, multipliant intrigues et personnages secondaires, un soupçon de fantastique naît avec l’irruption d’un personnage angoissant puis l’intrusion dans une maison hantée,… c’est enfin un beau roman d’apprentissage, suivant l’itinéraire de cet adolescent qui après l’amitié découvre l’Amour, la tendresse d’un père, poursuivant une enquête bien trop dangereuse et pleine de non-dits, de secrets enfouis, et de haines tenaces sur fond de guerre civile espagnole,…

Et puis, cette plume, bien sûr, ce style qui nous fait songer dès les premiers chapitres à des exemples d’incipit ou de portraits à analyser en classe, à tel point d’ailleurs que ce roman m’a à vrai dire semblé au début (avant de me laisser gagner par l’intrigue) trop parfait, trop adapté à un public-cible d’amoureux des livres et de la lecture que sont les bibliothécaires, les profs de lettres, les documentalistes, et tous les bibliovores. C’est d’ailleurs un best-seller qui semble, lui aussi, passer de main en main, de bouche à oreille, recommandé par tous ceux qui l’ont lu, à commencer par celle qui me l’a prêté, puis ma collègue qui l’a regardée d’un air entendu ; et enfin, en arrivant chez mes amis, l’un d’eux s’exclama en me voyant le lire que tout récemment son père, instituteur, lui en avait aussi fait cadeau en lui affirmant que ce roman l’avait marqué… Je poursuis à mon tour la chaîne en l’évoquant sur ce blog et en en conseillant à tous la lecture, en s’armant de temps, de son regard d’amoureux des livres et de son coeur d’adolescent rêveur.

publié puis traduit du catalan en 2004
L’ombre du vent [Texte imprimé] / Carlos Ruiz Zafón ; traduit de l’espagnol par François Maspero. – Éd. collector. – Paris : Librairie générale française, impr. 2007 (45-Malesherbes : Maury impr.). – 2 vol. (636, 31 p.) : couv. ill. en coul. ; 18 cm. – (Le livre de poche ; 30912).

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Guide iconographique de la peinture

25.09
2005

Guide iconographique de la peinture : identifier les personnages et les scènes dans la peinture de Nanon Gardin, Guy Pascual

cop. Larousse

 

Visitant un musée ou une église, nous balayons du regard maints tableaux sans en comprendre la scène représentée, ni en reconnaître les personnages. Ce guide abondamment illustré se propose de nous donner les clés de lecture de quelque 400 toiles s’inspirant de la mythologie grecque et romaine, de la Bible et de l’histoire des saints, de l’histoire grecque et romaine.

Un ouvrage de référence indispensable au décryptage de la majeure partie des œuvres picturales occidentales des siècles passés.

GARDIN, Nanon, PASCUAL, Guy. – Guide iconographique de la peinture : identifier les personnages et les scènes dans la peinture. – Larousse, 2005. – 239 p.. – (Reconnaître et comprendre).. – ISBN : 2-03-505474-5 : 27 €.

Le Golem ** à *** de Gustav Meyrink (1915)

15.09
2005

Titre original : Der Golem

Roman traduit de l’allemand par Denise Meunier

Rêve, illusion ou réalité ? Au cœur du ghetto de Prague, un certain Athanasius Pernath entraîne le lecteur au coeur d’une aventure étrange, côtoyant Charousek, un étudiant en médecine assoiffé de haine envers un brocanteur juif richissime dont a peur Angelina, une riche jeune femme mariée, le sage et saint Hillel et sa fille si belle, Mirjam, en quête de miracles, une histoire dont il n’est pas sûr qu’il sortira indemne… Va-t-il se réveiller ? Est-il un autre homme en train de rêver ? Est-il fou ? Ou serait-ce lui le Golem, cette créature de glaise dont la légende terrorise les habitants de Prague ?

«  Un sombre soupçon m’avait alors envahi : et si à la fin de notre vie nous étions un peu comme ces débris de papier ? N’est-ce pas quelque « vent » invisible, mystérieux, qui nous pousse ici ou là, et commande nos actes, cependant que dans notre naïveté nous croyons jouir de notre libre arbitre ? » (p. 37)

Un premier roman, et Gustav Meyrink publie ce qui reste ni plus ni moins un pur chef-d’oeuvre de la littérature fantastique. Tout y est : le franchissement de la frontière entre le rêve, l’illusion ou encore la folie, la récupération romanesque d’une légende juive selon laquelle un être, le Golem, aurait été modelé dans la glaise par les mains d’un rabbin et mû par une formule magique écrite sur un parchemin glissé dans sa bouche. Fantastique qui rime avec écriture poétique, laquelle trouble le lecteur et crée l’atmosphère mystérieuse qui imprègne les maisons aux étroites fenêtres pour lesquelles on ne trouve pas toujours les pièces correspondantes, les sombres ruelles et les cellules où le temps n’existe plus. Fantastique, poétique, mystique aussi car on sent bien que la science ne répond pas à toutes les questions, que l’illusion, l’inexplicable triomphent ici.
Un classique à découvrir absolument ou à relire, car il ne perd rien de sa force à la seconde lecture.

MEYRINK, Gustav. – Le Golem / trad. De l’all. Par Denise Meunier. – Marabout, 1985. – 247 p.. – ISBN : 2-501-00723-9.
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