Mots-clefs ‘droits humains’

Olympe de Gouges de Catel & Bocquet

28.12
2015
cop. Casterman écritures

cop. Casterman écritures

 

Fruit de l’amour défendu entre « un noble et une roturière », Marie Gouzes aime lire et écrire, et, libérée des liens d’un mariage de raison par un veuvage précoce, elle décide d’élever seule son fils et de se faire appeler Olympe de Gouges. Côtoyant quelques grands noms de la littérature et de la révolution, grande amie de Louis-Sébastien Mercier, amante de Jacques Biétric de Rozières, Olympe de Gouges commence par défendre les droits des noirs, notamment à travers une pièce de théâtre, avant de rédiger la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, en 1791. Ses attaques virulentes par voie d’affichage du nouveau régime de la Terreur l’amènent droit à la guillotine.

Connaissant la biographie d’Olympe de Gouges dans ses grandes lignes, j’étais curieuse de voir de quelle manière elle serait traitée… De façon linéaire, chronologique, très (trop) détaillée sûrement (plus de 400 pages) avec chronologie et galerie de portraits célèbres en fin d’ouvrage. Un travail très sérieux donc, mais un récit qui aurait pu gagner en densité et en intensité en se concentrant sur les étapes majeures de son parcours de citoyenne soucieuse des droits de chacun.

 

Pas de visa pour Aïda de Nadège Guilloud Bazin

14.10
2015
cop. Toom éditions

cop. Toom éditions

 

A partir d’une anecdote révoltante – le refus à son amie Sénégalaise d’un visa pour venir passer ses vacances chez elle en France -, Nadège Guilloud Bazin a décidé de réagir en proposant sa première bande dessinée originale. Ce n’est d’ailleurs pas tant l’histoire d’Aïda, jeune professeure de français sénégalaise s’interrogeant sur l’injustice française, qui nous interpelle pourtant, que l’originalité du trait de Nadège Guilloud Bazin et l’explosion de couleurs vives qu’elle déploie pour retranscrire les atmosphères de rues, qui brosse un portrait emblématique de la société sénégalaise.

 Nadège Guilloud Bazin

Pas de visa pour Aïda

Toom Comics Éditions (2015)

52 p. : ill. en coul.

EAN13 979-10-95035-00-8 : 15 €.

 

 

 

 

De l’égalité des deux sexes de François Poullain de La Barre

02.02
2015

cop. Gallimard

Sur les pas de Descartes, François Poullain de La Barre (1647 - 1725) fait table rase des opinions communément répandues sur l’inégalité des deux sexes. Dans cet ouvrage qu’il publie anonymement en 1673, il se propose de réfuter dans un premier temps l’opinion vulgaire, et dans un second temps celle des savants, poètes, écrivains et philosophes comme Platon, Aristote, Socrate, Diogène, Démocrite et Caton. Car cette inégalité entre les sexes n’a rien de naturelle, si ce n’est les moyens de reproduction, mais est bien une construction culturelle du fait des hommes. Si l’on proposait aux femmes une véritable éducation, elles pourraient embrasser n’importe quelle carrière, même scientifique, politique ou militaire, aussi bien que les hommes.

Ordonné prêtre après ses études de théologie, ce libre-penseur cartésien est l’un des premiers à combattre pour l’égalité des sexes, et inspirera entre autres Simone de Beauvoir. Un texte qui pourrait paraître pour d’aucuns dépassé de nos jours en France, et la cause de l’égalité des esprits entendue : ce serait oublier le succès d’ouvrages contemporains inversant cette tendance, tels que Les Hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus… 

Vous pouvez lire ce texte intégralement ici.

 

POULLAIN DE LA BARRE, François.

De l’égalité des deux sexes : discours physique et moral : où l’on voit l’importance de se défaire des préjugés.

Gallimard (Folio 2€, 5901 ; 2015)

139 p.

EAN13 9782070462162 : 2 €.

Tout va bien ! de Mana Neyestani

03.12
2014
cop. çà et là

cop. çà et là

 

C’est à l’occasion de son exposition de planches à BD Boum ce mois-ci que j’ai découvert Mana Neyestani.

Dessinateur de presse depuis l’âge de 16 ans, Mana Neyestani commence par travailler en Iran pour des journaux réformistes puis gouvernementaux  jusqu’à ce qu’un de ses dessins ne le fasse emprisonner. A sa sortie de prison en 2006, il fuit en Malaisie, puis en France en 2011, où il vit à présent en tant que réfugié politique. La population iranienne a continué à distance de suivre son travail de dessinateur pour des sites dissidents iraniens, et même à utiliser certains de ses dessins, lors de manifestations contre le régime théocratique et tyrannique de la république islamique d’Iran. Membre de l’association Cartooning for Peace, créée par Plantu, il a reçu le prix international du Dessin de Presse, le 3 mai 2012, des mains de Koffi Annan.

En un seul dessin de presse, Mana Neyestani croque avec ironie des situations vécues au Moyen-Orient d’intimidation, de censure, de meurtre, d’emprisonnement, d’interrogatoire. Et lorsque la couleur pointe dans ses dessins en noir et blanc aux fines hachures, d’un humour noir proche de Topor, c’est comme pour indiquer une note d’espoir qui permet de survivre.

Mais assez parlé, il faut acheter et voir cette petite bombe ! Vous hésitez ? Tapez son nom dans Google images, et vous aurez un assez bon aperçu de ses dessins.

NEYESTANI, Mana. – Tout va bien !. – Editions çà et là, 2013. – 200 ill. n.b. et coul. ; 18*18 cm. – EAN13 978-2-916207-83-4 : 22 €. 

Au nom du père d’Anne Chemin

30.05
2013

cop. Le Monde

 

Car lire, c’est aussi lire la presse

dans le supplément « culture & idées » du Monde daté du 25 mai 2013, on peut lire que si « depuis le 1er janvier 2005, les parents peuvent transmettre à leur enfant soit le nom du père, soit le nom de la mère, soit les deux noms accolés dans l’ordre qui leur convient », à peine 9% des nouveaux-nés héritent du double nom.

Alors que depuis le Xe siècle (avant le nom de famille n’existait pas en Europe), la domination de la lignée paternelle était la règle dans un monde marqué par une forte hiérarchie des sexes (pas de droit de vote, d’autre domicile que celui de son père ou de son mari, d’administration de ses biens), pourquoi les mères s’effacent-elles encore aujourd’hui devant le nom de leur mari ?

La principale raison semble être de vouloir créer une entité, d’être reconnus comme un tout (« les Dot », « famille Dupuis », …). Pourtant, il suffirait que tous portent les deux noms, comme cela se fait couramment sur la péninsule ibérique.

D’autres rétorquent qu’un problème se pose pour les enfants héritant du double nom, lesquels auront un jour à choisir lequel des deux ils souhaitent transmettre à leurs propres enfants : « La liberté de choix oblige chacun à réfléchir en profondeur à son histoire et à son identité. »

C’est enfin, semble-t-il, une manière d’installer l’homme dans la paternité légitime : la mère accouche, le père donne son nom.

Pour la plupart des 9%, enfin, donner les deux noms à son enfant, c’est symboliser l’union des deux parents, des deux familles, voire permettre à la mère de perpétuer elle aussi son arbre généalogique.

 

Dictionnaire des esclavages *

15.03
2010

L’esclavage n’est pas « naturel », ni entièrement soluble dans l’économique, dans l’idée d’exploitation ou dans un système de production donné :

- l’esclave est « toujours un Autre ou quelqu’un transformé en un autre, et exclu d’une dimension fondamentale dans la vie du groupe de ses maîtres. » (p. 15) « Lorsque l’esclave vient d’au-delà des limites du groupe, il est souvent capturé et/ou acheté. » (p. 16)

- il est « la « propriété » de son maître. »

- il « peut voir son humanité être remise en cause, et être comparé à une chose ou à un animal. » (p. 17)

- enfin il est toujours « utile » à son maître.

Après avoir tenté de définir ce qu’était l’esclavage, ce collectif d’historiens en décline les temps forts dans l’histoire, mettant d’abord l’accent sur le fait que le « bon sauvage » aussi fut souvent esclavagiste, puis en observant ses flux et reflus, ses permanences et mutations dans l’Histoire et à travers le monde entier, pour enfin s’attarder sur ses formes contemporaines :


- esclavage par dette et trafic d’enfants (Afrique noire, Inde, Indonésie),

- exploitation de main d’œuvre (Afrique, Amérique latine, Moyen-Orient),

- esclavage sexuel (Asie du sud-est),

- servitude de domestiques séquestrés par des « maîtres » et privés de papiers, souvent d’origine étrangère dans les pays occidentaux (Europe, Amérique latine, Asie, Afrique).

S’ensuit un dictionnaire proposant plus de deux-cent entrées, géographiques, historiques, thématiques. On constatera ainsi, par exemple, qu’aucun continent ne fut épargné, et qu’aucune religion n’a remis en cause l’esclavage, même le bouddhisme, et même si parfois certaines auront tenté d’en adoucir les conditions.


Édifiant !


Dictionnaire des esclavages / sous la dir. d’Olivier Pétré-Grenouilleau. – Larousse, 2010. – 575 p.. – (A présent).. – ISBN 978-2-03-583785-1 : 28 €.