Scénario : Woody Allen
Date de sortie en salle : 2013
Genre : Comédie dramatique
Synopsis
La vie d’une femme mondaine de la 5e avenue bascule le jour où son richissime mari veut la quitter : Jasmine arrive dans l’appartement de sa soeur adoptive à San Francisco, laquelle lui propose son aide pour surmonter sa dépression et son nouveau départ dans la vie.
Critique
Woody Allen ne s’est lancé dans rien de bien original : la vie d’une jeune femme bascule le jour où ….. et elle se retrouve démunie, obligée de repartir à 0.
Mais là où il est fort, c’est dans le portrait psychologique qu’il fait de cette femme, et dans la structure de son scénario, dont le dénouement explique quelque peu à quel point cette femme a provoqué elle-même sa chute, alors qu’elle avait toujours opté pour l’inertie.
Woody Allen choisit d’entrelacer la vie passée de Jasmine, baignant dans le luxe, et celle, présente, où elle touche le fond, obligée de côtoyer les gens du commun, les « loosers », qu’elle méprise le plus. C’est un choix d’autant plus judicieux que l’on découvre peu à peu les raisons de sa disgrâce. En contrepoint, il dépeint la vie de sa soeur, son opposé, finalement, mais ce n’est là qu’une intrigue secondaire : d’ailleurs, tout comme sa soeur, elle ne changera pas d’un iota sa personnalité.
Le spectateur oscille donc entre sa vie passée, mondaine et fastueuse, et celle actuelle, où elle a tout perdu, même peut-être la raison.
Le monde passé de Jasmine n’est qu’apparences trompeuses, malhonnêteté, infidélités conjugales et amitiés hypocrites. Il a éclaté, et personne ne lui tend la main, si ce n’est sa soeur, tout comme elle-même n’a jamais tendu la main à personne. D’ailleurs elle ne vient pas voir le fils de son mari par empathie, mais parce qu’elle dit avoir besoin de lui.
Dans le monde présent, Jasmine est devenue alcoolique ; dépressive, sensible à chaque émotion, elle prend sans cesse du Xanax et autres médicaments, elle monologue dans l’avion, dans la rue, partout. On devine sans mal le choc psychologique que cela doit être pour elle : de princesse de la 5e avenue, elle se retrouve draguée par des hommes communs (mécanicien, dentiste) qu’elle méprise, doit suivre des cours d’informatique auxquels elle ne comprend rien et des cours de décoration intérieure par internet, tout en subvenant à ses besoins en devenant la secrétaire d’un dentiste entreprenant.
Or, pour s’en sortir, ayant quitté trop tôt ses études pour devenir « la femme de » et passé son temps à organiser des réceptions et des bals de charité, elle ne trouve finalement, après avoir tenté de se reconvertir tout en gagnant sa vie, qu’une issue : redevenir « la femme de » : elle donne encore en effet l’apparence trompeuse de femme parfaite d’un futur député… Elle se réinvente alors une vie, une personnalité, la femme qu’elle aimerait être. comme chacun de nous a peut-être, sans être fou, été tenté de le faire un jour, du moins en embellissant une parcelle de sa vie. Mais son destin va croiser l’un des personnages qui, sans le savoir, va se venger et empêcher sa vie, tout comme elle l’avait fait avec lui, de prendre un nouveau et meilleur tournant…
Au final, Woody Allen brosse le portrait d’une femme antipathique, égocentrique, qui ne remet à aucun moment en question ses critères de qualité de vie.