Mots-clefs ‘Amélie Nothomb’

Pétronille d’Amélie Nothomb

21.09
2014

9782226258311g

« L’ivresse ne s’improvise pas. Elle relève de l’art, qui exige don et souci. Boire au hasard ne mène nulle part. » (incipit)

Au plaisir de l’ivresse procurée par une coupe de champagne, il ne manque à Amélie Nothomb qu’une comvigne – compagne de beuverie. Qu’à cela ne tienne, elle pêche dans l’une de ses dédicaces l’oiseau rare, une jeune prolo aux allures de garçon manqué qui étudie les contemporains de Shakespeare et la lit pour rire…

Le dernier Nothomb raconte l’histoire de cette amitié entre deux écrivaines, avec comme fil directeur leur passion immodérée pour le champagne, et le bon. Comme toujours, le dernier de la cuvée Nothomb se lit (se boit ?) d’une traite. Mais, si l’on n’a pas de barre au front, on n’a pas non plus le sentiment d’avoir vu briller quelque diamant… Tout au plus retient-on une perche pour animer une émission littéraire, ce qui serait loin d’être une mauvaise idée, et un coup de griffe contre les éditeurs parisiens bourgeois, ne frayant pas avec le prolo. En somme de l’Amélie Nothomb : fruité, léger et plein d’humour, on passe un bon moment en sa compagnie, et c’est déjà bien assez !

NOTHOMB, Amélie. – Pétronille. – Albin Michel, 2014. – 168 p. ; 20 cm. – EAN13 9782226258311 : 16 €

Le fait du prince d’Amélie Nothomb (2008)

23.12
2008


« Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police. Appelez un taxi et dites-lui de vous conduire à l’hôpital avec cet ami qui a un malaise. Le décès sera constaté en arrivant aux urgences et vous pourrez assurer, témoin à l’appui, que l’individu a trépassé en chemin. Moyennant quoi, on vous fichera la paix. » (incipit)

 

Curieux conseil que voici, et d’où va partir l’étrange histoire de l’homme à qui cela arriva, lequel, s’il se garda bien d’appeler la police, choisit de prendre l’identité de celui qui venait de mourir…

Economisez donc vos 15,90 euros ! Rien ne sert de vouloir faire partie de chaque rentrée littéraire si c’est pour publier un énième roman, sans aucun intérêt.

Albin Michel, 2008. – 169 p.. – ISBN 978-2-226-18844-1 : 15,90 euros.

 

Ni d’Eve ni d’Adam * d’Amélie Nothomb (2007)

28.09
2007
« Le moyen le plus efficace d’apprendre le japonais me parut d’enseigner le français »(Incipit, p. 7), qui plus est entamer avec cet élève japonais une relation qui, d’amicale, devient amoureuse… 

On retrouve Amélie dans la reprise de sa biographie, cette fois située chronologiquement bien après Métaphysique des tubes et Biographie de la Faim et juste avant Stupeur et tremblements. Elle aura d’ailleurs bientôt épuisé cette ressource, si rien de plus excitant ne lui est depuis arrivé. 

L’effet Amélie Nothomb s’est quelque peu éventé. On suit les découvertes d’Amélie Nothomb au pays nippon sans réel plaisir, jusqu’aux deux tiers du roman. La fameuse s-cène de l’hôtesse au milieu des onze convives éveille un peu l’intérêt, suivie par cette odyssée en pleine montagne qui lui fait dire :

« Dorénavant, parmi les nombreux autres qui m’habitent, il y aura la pauvresse de la montagne. Il y aura aussi Zarathoustra dansant avec le mont Fuji sur la ligne de faîte. Je serai toujours tous ceux-là, en plus de ce que j’étais. » (p. 187-188).
A cette réflexion bien sentie s’ajoute aussi cet éloge de la fuite :
« La fuite donne la plus formidable sensation de liberté qui se puisse éprouver.«  (p. 233-235)
Voilà tout. J’ai reposé le roman, me disant qu’il m’avait moins déçu que le précédent, mais qu’il n’avait pas suffi à susciter en moi quelque émotion, même un sourire.
NOTHOMB, Amélie. - Ni d’Eve ni d’Adam. – Albin Michel, 2007. – 244 p.. – ISBN : 978-2-226-17964-7 : 17,90 €.

 

 

Journal d’Hirondelle d’Amélie Nothomb (2006)

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20.07
2007

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cop. Albin Michel

Urbain se remet difficilement d’une déception amoureuse. Viré de son boulot, il en trouve un autre pour lequel il reprend enfin goût à quelque chose : tuer des inconnus. Un jour, sa mission consiste à tuer un ministre et toute sa famille dans leur maison de campagne. Il y trouve la fille aînée visant son père d’un révolver…

En voilà un, emprunté en bibliothèque, que je suis bien heureuse de ne pas avoir acheté ! Et de ne pas avoir terminé : j’en ai lu plus de la moitié puis, lasse, déçue, j’ai survolé le reste, agacée à l’idée de perdre mon temps quand d’autres romans m’attendaient. Ce n’est même pas la peine d’entrer dans le détail… Amélie Nothomb signe là, à mon sens, le plus mauvais roman que j’ai pu lire d’elle. Autant oublier la cuvée 2006 et voyons ce qu’elle nous réserve pour la rentrée prochaine.

Acide sulfurique ** d’Amélie Nothomb (2005)

1 Commentaire
30.09
2005

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cop. Albin Michel

Huis clos entre victimes et bourreaux

Un jour, Pannonique, étudiante à la beauté sidérante, est raflée comme tant d’autres anonymes au Jardin des Plantes. Dès cet instant, elle deviendra désormais la victime d’une nouvelle émission de télé-réalité, Concentration, et la cible de millions de regards. Comme son nom l’indique, le principe de l’émission est très simple : les personnes raflées ont été divisées en deux camps, les bourreaux ou « kapo » et les prisonniers appelés par leur matricule, et chaque matin, les premiers désignent ceux qui parmi les seconds vont rejoindre la file des exterminés. Chacun, très vite, s’identifie à son personnage jusqu’à oublier les caméras, tous exceptée CKZ 114, de son vrai nom Pannonique, qui semble personnifier le Bien, la dignité humaine, qui attire le Mal incarné en le kapo Zdena…

Certes, Amélie Nothomb n’invente rien en exploitant jusqu’à son paroxysme le voyeurisme malsain mis en exergue par les télé-réalités, et ce tout en créant une distance entre son héroïne (et narratrice) et la monstruosité des relations humaines. Foin d’ailleurs des descriptions, des effets de style, d’un dénouement vraisemblable, ici pas de plaisir du texte, l’intérêt réside ailleurs : pour Amélie Nothomb, la forme dialoguée est reine car elle permet de dire, de remplir chaque parole, parole pour autrui, car elle vouvoie ou tutoie, car elle nomme les êtres et les choses. Jamais démonstration aussi habile n’avait été faite de ce que parler veut dire dans ses précédents romans. Car ici, dans ce camp de concentration où se joue la dignité humaine, dire, nommer, prend tout son sens.

NOTHOMB, Amélie. – Acide sulfurique. – Albin Michel, 2005. – 192 p.. – ISBN : 2-226-1672-6 : 15,90 €.
Lisible en 1h30.

Biographie de la faim ** d’Amélie Nothomb (2004)

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29.09
2005

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cop. Albin Michel

 

Voici le parcours initiatique de la petite Amélie Nothomb, dans les jupes de son père diplomate et de sa mère qu’elle adule, de ses quatre ans au Japon jusqu’à ses vingt-un ans de retour sur les lieux, après avoir vécu en Chine communiste, à New York la voluptueuse, au Bangladesh, pays de la faim et de la lèpre, en Birmanie, au Laos puis en Belgique. C’est donc la faim qui sera le leitmotiv de cette biographie d’une fillette au caractère bien trempé, précoce : faim de sucré, d’alcool et d’eau jusqu’à l’ivresse jusqu’à ses 12 ans où elle refusera la métamorphose de son corps pour le transformer en cadavre ambulant ; faim d’amour de sa mère, de sa sœur, de ses camarades ; faim de beauté en ces dernières ; faim de livres et de mots.

Une autobiographie au vitriol et sans complaisance, pleine d’humour et d’autosuffisance, de cet auteur charismatique. Un vrai plaisir à lire, un régal pour tous ses admirateurs.

NOTHOMB, AMÉLIE. – Biographie de la faim. – Albin Michel, 2004. – 240 p.. – ISBN : 2-226-15394-2 : 16,90 €.

Hygiène de l’assassin *** d’Amélie Nothomb (1992)

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20.09
2005

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copyright Librairie Générale Française

Prétextat Tach, prix Nobel de littérature, tire la triste fierté d’être atteint d’un cancer rarissime qui ne lui accorde plus que deux mois à vivre. Aussitôt les médias se déchaînent, dépêchant pour interviewer ce misanthrope une poignée de journalistes triés sur le volet par son secrétaire dévoué. Les quatre premiers se font très vite congédier. Mais le cinquième, qui sera la dernière, semble le prendre à son propre jeu…

Presque entièrement dialogué pour mieux mettre en exergue les duels successifs du protagoniste avec les journalistes, ce premier roman témoigne néanmoins de la plume d’Amélie Nothomb, qui se révèle ici ironique, mordante, inventive, machiavélique, cynique, cruelle. Cette dernière met en scène un écrivain antipathique, vicéralement mysogine et mysanthrope, un obèse provocateur, bouffi d’orgueil, jouissant du plaisir d’éconduire les journalistes l’un après l’autre, et qui va rencontrer en la personne d’une jeune « fouille-merde » sûre d’elle, son double. Pourtant, le lecteur n’est pas non plus du côté de ces journalistes, qui l’un après l’autre se croient plus habiles que les précédents. Parfois même, il pourrait en retirer pour lui-même quelques pensées bien senties :

« moi, je lis comme je mange : ça ne signifie pas seulement que j’en ai besoin, ça signifie surtout que ça entre dans mes composantes et que ça les modifie. » (p. 69)
Ainsi,
« on ne regarde plus les jeunes filles en imperméable comme avant, quand on a lu un Léo Malet.«  (p. 70)

Bien au contraire, un peu comme un arbitre dans une partie de tennis, le lecteur observe les victoires successives du personnage principal, que le cynisme rend presque sympathique, avant de jouir de cette longue joute de répliques cinglantes entre le vieil écrivain et cette journaliste, laquelle va se transformer en interrogatoire serré qui va dévoiler, à partir d’un roman inachevé mis en abîme, Hygiène de l’assassin, le passé du premier.

Croyez-moi, si vous ne l’avez lu, vous passerez un bon moment en sa compagnie. Ce n’est pas forcément le cas des romans suivants.

Cadeau d’Aurélie.