Claire Marin s’interroge sur toutes ces ruptures qu’on décide ou qu’on subit : celle avec son amant vient spontanément à l’esprit, mais ce serait évacuer toutes les autres, celle tout d’abord avec un « faux soi », avec ses autres identités, avec un ancien soi en bonne santé pour devenir un être souffrant. C’est également oublier la naissance, cet arrachement, cette séparation entre un corps qui s’est transformé et déformé pour donner la vie à cet autre corps si fragile, qui fait renoncer au parent au luxe de pouvoir être seul, séparé, de s’appartenir, pour lui faire endosser la responsabilité de l’enfant, et qui redéfinit souvent la relation de couple. Cela peut être, à l’inverse, rompre avec sa famille pour pouvoir survivre. C’est aussi voir disparaître l’être familier en un fantôme que la maladie ou la vieillesse rend méconnaissable. C’est enfin voir surgir une sexualité débridée, témoin d’une destruction intérieure, pour pouvoir se reprendre après la perte de l’autre ou de soi.
Claire Marin est plus que jamais convaincue que notre vie professionnelle comme notre histoire personnelle sont marquées par des ruptures qui sont autant de déchirures qui nous marquent, nous façonnent pour mieux nous permettre ensuite d’explorer d’autres identités de soi, de rebondir. D’excellents moments de réflexion, notamment sur la naissance et sur la disparition avant l’heure de l’être cher transformé par la maladie. Une réflexion très accessible et dans l’air du temps.
Tags: rupture, séparation