Otto, l’homme réécrit de Marc-Antoine Mathieu

08.02
2017
cop. Delcourt

cop. Delcourt

« Les hommes se trompent en ce qu’ils se croient libres ; et cette opinion consiste en cela seul qu’ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes par où ils sont déterminés. »

Baruch Spinoza, Ethique, livre II.

Ainsi s’ouvre la nouvelle bande dessinée de Marc-Antoine Mathieu, MAM pour les initiés. Et cette histoire fait véritablement la démonstration de cette citation :

L’oeuvre d’Otto, artiste à la réputation internationale, est traversée depuis vingt ans par la thématique du double. Alors qu’il propose une énième performance au musée Guggenheim de Bilbao, il brise à la fin le miroir où se reflétait son double et ressent un vide insondable, qui lui souffle la vanité de son art. Quelques jours plus tard, il hérite de ses parents décédés une maison et, à l’intérieur, d’une malle. Or cette malle renferme l’enregistrement en temps réel des sept premières années de sa vie, durant lesquelles il a fait l’objet d’une surveillance continue, lors d’une expérience scientifique avortée. Il décide alors de suspendre sa vie au présent pour relire en temps réel ses sept premières années, ces années dont sa conscience n’avait gardé que des bribes de souvenirs et qui ont inconsciemment façonné toute sa personnalité, toute sa vie…

Marc-Antoine Mathieu nous livre là une oeuvre-somme, celle de ses questionnements métaphysiques : qui suis-je ? Pourquoi ?, remettant en question toute fausse impression de libre arbitre. En même temps, il s’interroge sur le mal-être que pourrait occasionner la connaissance exacte et réelle de notre vie, adoucie par le tri sélectif que fait d’ordinaire notre conscience. Cet album à l’italienne nous plonge dans un abime métaphysique vertigineux dont il est difficile de se remettre, pour nous aussi…

Son album le plus introspectif.

 

 

Tags: , ,

Laisser un commentaire