« Ce décès, le premier des nombreuses disparitions d’êtres chers que je devais affronter tout au long de ma vie, me confronta violemment à l’évidence de la fragilité de l’existence humaine : cet enfant, que j’avais vu rire et grandir, avait soudain contracté de terribles fièvres et deux jours plus tard, il n’était plus qu’une dépouille humaine, placée dans un cercueil blanc. La fragilité de la ligne de vie m’apparut aussi dramatique et réelle que les vanités et les prétentions matérielles des hommes pouvaient sembler irréelles. » (p. 70)
Indistinctement, deux destins s’entremêlent, Leonardo Padura passant allègrement d’un narrateur à l’autre, de Fernando à Heredia, voire au fils de ce dernier, d’une époque à l’autre, si bien que leurs vies semblent se faire écho et se confondre dans un troublant cycle historique, entre leurs rencontres avec leur muse, leurs amours impossibles, leurs ambitions poétiques, leur engagement politique, la trahison de leurs amis et leur exil. Habitué à ses polars, on découvre là un premier grand roman de Leonardo Padura, riche, ample et complexe, donnant à voir à travers les décennies un même visage de Cuba.
« Ce retour imprévu de l’amour et de la poésie était trop alarmant et le besoin physique et mental d’avoir Delfina à ses côtés lui était douloureux, comme la sensation vivifiante de se tuer à petit feu chaque fois qu’il allumait une cigarette et qu’il emplissait ses poumons de cette fumée maligne et délectable. » (p. 232)
PADURA, Léonardo. – Le palmier et l’étoile / trad. de l’espagnol (Cuba) par Elena Zayas. – Métailié, 2009. – 389 p.. – (Suite hispano-américaine ; 143). – ISBN 978-2-86424-672-5 : 11 euros.
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