A l’époque, « La petite danseuse de quatorze ans » d’Edgar Degas provoqua le scandale. De nos jours, on l’admire dans le monde entier mais du modèle, on ignore tout. Camille Laurens répare dans cet essai ce tort, en heurtant au passage à notre tour notre sensibilité. Car ce qui choqua les contemporains de Degas, en 1880, c’est que le sculpteur avait choisi un sujet trivial, pire obscène, puisque ce modèle, comme la majorité des petits rats de l’opéra, travaillait pour ramener de l’argent à sa mère, en dansant, en posant et en badinant avec les vieux monsieurs, leurs protecteurs, dans les coulisses de l’opéra. On est bien loin de l’image idyllique des petites danseuses actuelles en tutu blanc : celles de l’époque sont déjà de vulgaires prostituées passés onze ans, vendues par leur mère pour pouvoir survivre, les enfants des classes populaires travaillant à l’époque, et ce qu’on appelle aujourd’hui pédophilie n’étant pas alors considéré comme un crime. On fermait pudiquement les yeux sur ces abus sexuels… jusqu’à ce que Edgar Degas expose au grand jour, comme une oeuvre d’art, cette fillette nue de cire qu’il revêt de véritables vêtements.
Un essai intéressant, mais qui finalement brode surtout autour de ce qui a pu être publié sur le sujet. Un article de Télérama s’y était attardé encore récemment, en avril 2015. Peut-être d’ailleurs aura-t-il déclenché l’envie d’en faire un livre…
Lecture dans le cadre de mon Challenge danse
Tags: Camille Laurens, danse, Edgar Degas