Categorie ‘Littérature bulgare

Pétronille d’Amélie Nothomb

21.09
2014

9782226258311g

« L’ivresse ne s’improvise pas. Elle relève de l’art, qui exige don et souci. Boire au hasard ne mène nulle part. » (incipit)

Au plaisir de l’ivresse procurée par une coupe de champagne, il ne manque à Amélie Nothomb qu’une comvigne – compagne de beuverie. Qu’à cela ne tienne, elle pêche dans l’une de ses dédicaces l’oiseau rare, une jeune prolo aux allures de garçon manqué qui étudie les contemporains de Shakespeare et la lit pour rire…

Le dernier Nothomb raconte l’histoire de cette amitié entre deux écrivaines, avec comme fil directeur leur passion immodérée pour le champagne, et le bon. Comme toujours, le dernier de la cuvée Nothomb se lit (se boit ?) d’une traite. Mais, si l’on n’a pas de barre au front, on n’a pas non plus le sentiment d’avoir vu briller quelque diamant… Tout au plus retient-on une perche pour animer une émission littéraire, ce qui serait loin d’être une mauvaise idée, et un coup de griffe contre les éditeurs parisiens bourgeois, ne frayant pas avec le prolo. En somme de l’Amélie Nothomb : fruité, léger et plein d’humour, on passe un bon moment en sa compagnie, et c’est déjà bien assez !

NOTHOMB, Amélie. – Pétronille. – Albin Michel, 2014. – 168 p. ; 20 cm. – EAN13 9782226258311 : 16 €

Passion ou la mort d’Alissa * d’Emilia Dvorianova (2006)

08.05
2006

 

cop. Fédérop

Yo est entrée toute petite au service de cette grande demeure habitée de messieurs et de demoiselles aux moeurs mystérieuses ou dépravées, qui vouent une passion commune pour le piano. Elle est le témoin de phénomènes étranges, tels ces journaux intimes de mademoiselle qui s’adonne au plaisir partout sauf dans sa chambre, la mort de Madame, qui s’était vidée de l’intérieur, ces miroirs qui ne reflètent plus rien, toutes ces horribles poupées que fuit Mademoiselle, ce grand trou dont Monsieur Sebastian nie l’existence, et puis… et puis un Vendredi Saint elle découvre la belle mademoiselle assassinée. Arrive X., un juge d’instruction, ébloui par la beauté de la morte Alissa. Yossif, son amant, avoue aussitôt. Mais X. s’attarde tout le week-end sur les lieux du crime et s’imprègne de son atmosphère…

N’assimilez pas ce roman à la simple lecture de ce résumé comme à un « vulgaire » roman policier : il n’en est absolument rien. J’ai rarement lu roman plus mystérieux, plus hermétique, plus polyphonique, où le Verbe se déroule fantasmagoriquement, où le Sens s’annonce puis se refuse, où l’art de raconter devient un art de la Fugue, où le réel et le surnaturel se répondent…  La Vérité, la Réalité, sont vécues successivement et différemment par les personnages. L’espace d’un instant j’ai cru déceler la clé de ces énigmes et, faisant un rapprochement avec les créatures mythologiques de Malpertuis de Jean Ray, je croyais pouvoir élucider ces bizarreries lorsque X. découvre un à un les personnages bibliques, les douze apôtres, en porcelaine, dans le mystérieux coffre. Mais non… Un roman orchestré telle une partition musicale dont chaque vision est chargée d’un sens, une vision forcément parcellaire à laquelle la Vérité échappe, un roman tout à fait déroutant, dont on sort comme d’un songe,  qui peut décourager son lecteur.

 

DVORIANOVA, Emilia. – Passion ou la mort d’Alissa. – Gardonne : Fédérop, 2006. – 260 p.. – ISBN : 2-85792-162-4 : 18 €.